Ou comment Asphodèle Art Dolls est née...
Un après-midi, il y a à peu près deux ans, j’étais au soleil, dans le jardin de mes parents. J’étais allongée dans un transat et pourtant, j’étais loin de me sentir relaxée.
Au contraire, je me sentais très lourde et vidée de toute mon énergie.
Il ne restait que quelques semaines avant de donner ma réponse pour un travail administratif à l’Université.
Je venais de finir un contrat dans cette même Université. J’avais été félicitée de mon bon travail. Mes parents étaient contents pour moi, ma mère me voyait déjà me faire ma place petit à petit, passer des concours internes et devenir titulaire. Le plan de carrière rêvé, la stabilité, la sécurité de l’emploi. Et à défaut d’être emballée, je me disais que c’était le mieux que je pouvais rêver.
Et ça semblait un bon plan. Mais mon cœur n’y était pas. C’est vrai que j’étais une employée consciencieuse, travailleuse. Je pouvais faire tout ce qu’on me demandait avec rigueur. Mais j’avais une passion. J’ai toujours été une créative et j’avais l’impression d’être en train de laisser mourir cette partie de moi.
En tout cas de l’enfermer, de lui laisser un tout petit espace, de l’étouffer. Et j’avais la sensation qu’au final…elle mourrait à petit feu…que je déprimerai enfermée entre 4 murs.
Je me sentais perdue, et même coupable de vouloir autre chose. Est ce que c’était raisonnable? Est ce que je n’étais pas égoïste?
J’aurais voulu pouvoir partir loin, échapper à ma vie actuelle.
C’était très calme dans le jardin cet après-midi-là. Le soleil est passé à travers les branches du tilleul et a réchauffé mon visage et mon corps. Pendant un moment, je me suis sentie complètement sereine. Pas de questions, pas de stress. Pas de voix dans ma tête pour me pousser à accepter ce contrat, à penser aux charges à payer. Je n’avais à aller nul part. Je n’avais pas à faire quoi que ce soit. Juste à rester allongée là.
Ensuite, j’ai fait de quelque chose de terrible. D’extrêmement rebelle. Au lieu de penser à ma carrière au sein de l’université, j’ai imaginé que je vivais de ma passion. Quelle effrontée ! Je me suis complètement absorbée dans ce rêve éveillé. Je le vivais ! J’ai complètement perdu la notion du temps.
Je me suis sentie heureuse et légère !
Plus tard, le moment est venu où je devais donner ma réponse.
J’aimerais dire que la vision de cet après-midi m’avait donné le courage et la détermination à me mettre à mon compte et à vivre de la sculpture et la création de poupées articulées. En fait non.
J’ai accepté le contrat à l’Université, parce que les factures à payer…Et voilà !
J’ai été au bout de ma mission et bien qu’épuisée physiquement, je me suis remise en quête d’un nouveau travail.
Ma précédente responsable voulait me reprendre, j’espérais vraiment que ce serait possible. Pas tellement pour les tâches en elle-même, surtout parce que je m’étais fait à ce service, à mes collègues -c’est vrai qu’ils n’étaient pas désagréables !- et que je ne voulais pas changer une fois de plus de service, si possible.
Mais… ce type de contrat ne permettait pas de m’embaucher une seconde fois…
Je me suis retrouvée devant mon écran à devoir refaire mon CV, confuse, hésitante…
J’ai eu une sensation de pincement dans ma poitrine. Un serrement. Fort. Comme le début d’une angoisse qui pointait son nez. Les secondes passaient. Puis les minutes.
Je devais faire ce CV. Mais je ne pouvais pas bouger.
Et puis j’ai entendue une voix très calme dans ma tête, un murmure très doux, et très bienveillant :
“Et si… tu ne le faisais pas ?”
J’ai été étonnée par cette voix. Ça m’a fait un mini choc. Je ne la reconnaissais pas. Est ce que je perdais la tête?
La voix a insisté calmement :
“Ne le fais pas.”
C’est cette voix qu’Alexandra Franzen, blogueuse et écrivain américaine, appelle “hut” (heart+gut).
En français ça pourrait donner quelque chose comme “cripes” ou “troeur” (coeur + tripes), mais bon ça rend pas pareil!
“Hut” - la voix du “Troeur”-, nous dit-elle, n’est pas la voix de la raison, de la logique, d’un tableur Excel.
“Hut” est la voix de l’instinct et de l’intuition, ce sentiment inexplicable de ce qui est vrai pour toi et pour toi seul. Elle ne parle pas toujours avec des mots. Parfois, elle parle avec des sentiments, des pincements, une main invisible sur ton épaule, un feu dans ton ventre, des larmes dans tes yeux qui ne veulent pas s’arrêter de couler.
Ce jour-là, devant mon écran, j’ai à nouveau fait quelque chose de gonflé et d’un peu rebelle. Quelque chose de totalement étranger à cette fille perfectionniste, rationnelle, avec une petite vie bien rangée.
J’ai décidé d’écouter cette voix du cœur et des tripes réunies.
Je n’ai pas refait mon CV. Je ne l’ai pas envoyé pour répondre à des offres d’embauches, plus jamais.
Entre parenthèses, j’ai eu des emplois à côté pour démarrer, mais j’ai choisi des emplois qui me plaisaient.
J’ai fait des candidatures culottées et spontanées, sans CV ! (mais où est passée la fille timide qui n’osait pas?) Et croyez le ou pas, j’ai été embauchée !!
Quelque temps plus tard, j’ai officiellement rempli les papiers pour être auto-entrepreneuse.
La suite de l’histoire, vous la connaissez, j’ai adopté Bouh ma lapine et Doudou d’amour…
Non, pardon ! Je m’égare!
J’ai passé les mois qui ont suivi à explorer davantage la création 3D, et parce que c’est un truc qui me passionne aussi, à lire et à apprendre énormément tout ce qui touche à la psychologie, à la communication bienveillante et au développement personnel, à créer Heiyu et finalement la petite tête d’Ema.
Ces dernières années ont été riches en expériences et en aventures.
Et à la fin du mois d'octobre 2018, j'ai été à Lyon, au L-Doll, LE festival autour des poupées de collection, pour présenter Ema.
Un rêve devenu réalité. Finally !
Cette jolie aventure a commencée pour une seule raison :
Cette après-midi-là devant mon écran, j’ai écouté la voix du codeur et des tripes (Oui, plus joli que “Cripes ou “Troeur”, ça ne vaudra jamais le “Hut” d’Alexandra!).
Comme elle le dit si bien, la voix de ton cœur et de tes tripes peut te parler aujourd’hui, ou demain. Peut-être quand tu serras coincée dans les bouchons. Peut-être quand tu serras dans ton bureau, au travail. Peut-être quand tu lèveras les yeux de ton téléphone et que tu remarqueras cette affiche épinglée sur un tableau, que tu t’approcheras et la lira, ton corps serra parcouru de ces petites décharges électriques très agréables et tu saura que quoique ce soit dont parle cette affiche, tu dois en être!
Quand tu n’es pas sûre de ce qu’il faut faire, ou quel chemin prendre, fais confiance à ton “Hut”.
Quand tu ne sais plus qui tu es vraiment, fais confiance à ton “Hut”.
Quand tu gères ta propre petite (ou grande) entreprise (au propre ou au figuré), que tu ne manques pas de choses à régler, que tu ne sais plus où donner de la tête, et que là cette petite voix commence à te parler, en insistant, doucement au début, et puis plus fort, écoute-la. Fais lui confiance. Crois-la.
“Suis la voix!”
Chloë
PS. Si tu as apprécié ce Rayon—et si tu veux le partager avec un(e) ami(e) , ou quelqu’un de ta famille, un(e) camarade, ou qui que ce soit, je t’en prie, fais-le ! Les liens pour sont juste en bas.
PPS. J’aimerais adresser d’énormes félicitations à celles et ceux qui suivent déjà la voix de leur cœur et de leurs tripes, qu’ils aient entrepris un petit ou gros changement pour l’écouter. Ainsi qu’à tous ceux qui vont le faire aujourd’hui ou demain !
Prends soin de toi, tu es le moteur de ta petite entreprise (et/ou simplement de ta vie!), ne l’oublie pas en cours de route. Sans toi, tes projets n’iront pas plus loin !
Écoute la petite voix!
Note: Inspiré par la Newsletter d'Alexandra Franzen.
Gniii, Je me souviens encore quand j'ai reçu les photos faites par le mouleur. En les voyant j'ai fondu d'émotion intense!
Je n'arrivais pas à croire que c'est ma petite Ema, que c'était moi qui l'avais créée!
J'étais toute chose! :')